Anonyme (Fin du IIème siècle avant J.C., Époque hellénistique). Découverte le 8 avril 1820 dans l’ile de Mélos (Milo).

Paris, Musée du Louvre

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La Venus de Milo au Louvre

Matière de l’original : marbre de Paros / matière de la reproduction : résine moulée sur l’original et patine

« Après de difficiles et mouvementées négociations, la statue fut achetée par le Comte de Marcellus et ramenée en France, offerte le 1er mars 1821 à Louis XVIII qui en fit don au Louvre »

La Vénus de Milo occupe une place prépondérante dans l’histoire de la sculpture grecque. Datée vers 100 avant JC, cette sculpture originale est d’un style caractéristique de la fin de l’époque hellénistique qui renoue avec des thèmes classiques tout en innovant.

La Vénus de Milo s’inscrit en effet dans la tradition du thème créé deux siècles auparavant par le sculpteur Praxitèle.

Mais le maitre de l’Aphrodite du Louvre a su se libérer de l’héritage du passé et faire preuve d’une originalité créatrice. Si l’expression du visage conserve une froideur un peu sévère, le corps tout entier animé d’un mouvement de torsion s’inscrit dans toutes les dimensions de l’espace et est véritablement senti comme une œuvre de ronde bosse. La silhouette mouvante, son attitude tourbillonnante et le modelé aux accents réalistes disent bien le génie du créateur de cette statue.

C’est dans l’ile de Mélos (dite Milo), au sud des Cyclades, que la statue fut fortuitement découverte en avril 1820 par un paysan, non loin des ruines d’un théâtre antique.

Olivier Voutier, un élève de marine dont le navire faisait escale dans l’ile, remarqua la statue et la signala aux autorités françaises. Louis Brest, agent consulaire, et Dumont d’Urville, enseigne de vaisseau, témoignèrent aussi de cette exceptionnelle découverte auprès du Marquis de Rivière, ambassadeur de France à Constantinople, siège du gouvernement de l’empire Ottoman, dont la Grèce dépendait alors. Sur l’insistance du jeune Secrétaire d’Ambassade Marie-Louis Jean André Charles (alias Lodoïs) de Martin du Tyrac, 4ème Comte de Marcellus (1795- 1861), une expédition maritime diplomatique fut organisée. Ainsi, après de difficiles et mouvementées négociations, la statue fut elle achetée, avec d’autres fragments de marbre, par l’intermédiaire du Comte de Marcellus et ramenée en France en pleine propriété. Elle fut offerte le 1er mars 1821 au Roi Louis XVIII, qui en fit aussitôt don au Louvre.

Portrait de Lodoïs de Martin du Tyrac, Comte de Marcellus, en 1825 par Ingres

Portrait de Lodoïs de Martin du Tyrac, Comte de Marcellus, en 1825 par Ingres

Durant son voyage vers la France, la statue fera escale au Château d’Audour, à Dompierre-les-Ormes dans la propriété du Comte de Marcellus. Un premier moulage en plâtre fut exécuté au Louvre avant toute restauration et offert au comte de Marcellus en remerciement. Ce moulage est toujours exposé au Château de Marcellus (Lot-et- Garonne).

Un moulage en résine (2,20 m, 110 kg) grandeur nature avec patine à l’identique réalisée à la main est fait en novembre 2015 par les ateliers de moulage du musée du Louvre et est offert à Ségolène de Martin du Tyrac de Marcellus, descendante directe de Lodoïs, Comte de Marcellus, par son époux Philippe Raynaud de Fitte. Ce moulage marque l’anniversaire en 2016 des trente ans de mariage des époux, qui se rencontrèrent pour la première fois devant la Vénus au Château de Marcellus. Ce remarquable nouveau moulage à l’identique est exposé dans leur Château de Montastruc (Dordogne).

Dès sa découverte, la Vénus de Milo fut unanimement célébrée, et cette pieuse admiration n’allait jamais connaitre d’éclipse. Le poète romantique allemand Henri Heine (1797-1856) l’appelait « Notre-Dame de la Beauté ». Le sculpteur Auguste Rodin (1840-1917) louait son « ventre splendide, large comme la mer ». Le poète Leconte de Lisle (1818-1894) la décrivait comme suit : « pure comme un éclair et comme une harmonie, ô Vénus, ô beauté, blanche mère des dieux ».